Saison 1 – Épisode 1
Le réveil de la liberté
Janvier 2019
En janvier 2019, sur les terres cubaines, mon âme a mis les doigts dans la prise de la liberté. A Cuba, la liberté flotte dans l’air, elle vibre au rythme de la salsa, elle rayonne dans la joie de vivre d’un peuple étant pourtant depuis des années sous contraintes.
Pendant de longues années je me suis soumise à une autorité extérieure à qui je donnais les pleins pouvoirs quand il s’agissait de savoir ce qui est bon pour moi : mes parents, mes professeurs, mes ex-compagnons, mes managers. Malgré mon « âge adulte » je me positionnais encore souvent en enfant.
Mon passage à Cuba a réveillé ma Femme adulte en retrait, a ouvert la porte de mon émancipation. A mon retour, une série d’événements, ce que j’aime appeler des TP (travaux pratiques), m’ont été proposés pour me permettre d’expérimenter la remise en cause de ces autorités extérieures. J’ai senti grandir en moi ma propre autorité intérieure. Que c’est puissant et joyeux. Pas toujours facile mais joyeux !
Un évènement fort avec mes parents me revient en mémoire. J’ai commencé à fumer à l’âge de 17 ans. Fumer a été mon acte de rébellion, globalement le seul. Un acte de rébellion que j’ai gardé secret puisque je ne fumais pas devant mes parents. J’ai fumé pour la première fois devant mes parents le 6 juillet 2019 à très exactement 37 ans et 20 jours ! Si cet acte pouvait me paraître jusque-là ridicule voire même empreint de honte, l’atelier Eklore quelques mois plus tard sur la désobéissance appréciative animé par le merveilleux William Gras m’a révélé une autre facette de celui-ci. J’ai pu y voir un acte courageux de défiance en l’autorité parentale et d’affranchissement de celle-ci pour accueillir et laisser s’exprimer ma propre puissance, ma liberté d’agir en femme debout, maître de ses actes et de ses désirs. Grâce au processus fertile de la méthode appréciative j’ai pu me rappeler un moment majeur de la scène qui a marqué un changement de statut radical : le passage de l’enfant à l’adulte. Quand j’ai allumé ma cigarette, j’ai vu ma mère vouloir me dire quelque chose comme « tu sais que c’est pas bon pour la santé ? » et s’abstenir réalisant par là même que ce n’était plus à une enfant qu’elle s’adressait. Désobéir aux autres pour m’obéir à moi-même, pour honorer ce qu’il y a de vivant est moi, quel cadeau. Quelle liberté. Depuis j’ai arrêté de fumer et me suis aussi libérée de la cigarette 😊.
Un deuxième moment fort de l’année fut ma prise de parole au festival Eklore fin aout 2019. Poussée par Solenn Thomas, soutenue par toute l’équipe cœur, j’ai osé monter sur scène devant plus de 200 personnes pour parler de ma révolution intérieure post-Cuba. Au-delà de l’audace, j’ai senti que j’avais avancé de quelques petits cailloux supplémentaires sur ma libération vis-à-vis du regard et du jugement des autres. Et j’ai par la même occasion découvert la médecine de l’écriture et la joie de me raconter à l’oral.
Bon ce sont de belles avancées pourtant il me reste encore du chemin pour être libre… à commencer par ma situation professionnelle.