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Saison 1 – Épisode 2
A l’épreuve du vide

Février – Octobre 2019

 

Je rentrais de Cuba mi-janvier gonflée à bloc. Au boulot, 2018 avait été une année extraordinaire. La feuille de route 2019 était finalisée et pleine de promesses. J’étais confiante et pleine d’énergie pour conduire mon équipe sur une nouvelle année remarquable. Sauf que l’année fut tout autre.

Les mois passaient mais les nouveaux projets peinaient à démarrer et malgré mon acharnement je n’arrivais pas à enclancher des RDV avec le top management pour débloquer des décisions. Heureusement des projets initiés en 2018 continuaient ce qui me permettait de garder mon équipe occupée. En revanche mon agenda se vidait drastiquement. Pour la première fois de ma carrière j’avais du temps – ce dont je manquais cruellement toutes ces dernières années – mais j’étais à sec d’initiative, coupée de toute envie et incapable de faire quoi que ce soit. Plus les jours passaient, moins j’arrivais à me lever, moins j’avais de choses à faire et moins j’avais envie d’en faire. J’avais la sensation désagréable de me transformer en mollusque apathique. Très vite la culpabilité a pointé le bout de son nez. Je m’en voulais d’être démotivée, je m’en voulais de devenir attentiste, je m’en voulais de ne pas mettre plus d’énergie à essayer de redynamiser mon activité. Moi qui ai toujours été pêchue, enthousiaste, motivée avec 15 idées à la seconde, je ne me reconnaissais plus. Que m’arrivait-il ? Puis j’ai commencé à remettre en question mes compétences, à me demander à quoi je servais, à remettre en question mon impact… Un cercle vicieux s’installait et je glissais lentement mais surement sur la pente du bore out. Mon agenda était vide, mon cerveau était vide, mon cœur était vide. Cette citation de Khalil Gibran tout à fait à-propos me revient « L’enfer est dans un cœur vide ».

Cette descente aux enfers a duré jusqu’à l’été puis, dans un sursaut de vitalité, me revient une discussion que j’avais eue avec un collègue en début d’année. Il y avait évoqué le fait que je puisse faire de mon activité une start-up. Sur le moment ça m’avait fait sourire. Mais du fond de mon vide sidéral j’ai trouvé dans cette idée de quoi me redonner une once de motivation et d’énergie. J’ai donc passé mon été à faire le bilan des dernières années, analyser les blocages actuels et proposer un repositionnement de mon activité. Quelle que soit l’accueil qu’allait avoir cette proposition, j’avais retrouvé une partie de mon enthousiasme d’antan ce qui était déjà à mes yeux une réussite.

J’ai eu l’opportunité de pouvoir partager ma recommandation à plusieurs personnes du top management. A chaque fois elle était accueillie avec un « oui mais ». Oui c’est très visionnaire, très intéressant, très pertinent mais c’est trop tôt, l’entreprise n’est pas prête pour de tels changements. Le peu d’entrain retrouvé retombait au point mort et mes perspectives d’avenir étaient bien ternes. Après avoir ramé dans un lac vide puis végété dans ma coquille voilà que je me sentais au pied d’un mur infranchissable.

Heureusement pour moi, quelques semaines après cette désillusion je décollais pour 3 semaines au Népal. Et croyez-moi, mettre des milliers de kilomètres entre moi et mes soucis était définitivement ce dont j’avais besoin.

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