Boom ! Quand vot’ moteur fait Boom !
Juin 2020
J’ai grandi sans la télévision. Le soir, nous nous retrouvions en famille dans le salon pour jouer à des jeux de société ou lire. Je me rappelle avoir lu et relu les aventures de Tintin. Mon père avait tous les albums. L’air des Dupond & Dupont me reste en tête : « Boom ! quand vot’ moteur fait Boom ! ». En juin 2020, c’est mon moteur qui a fait boom.
J’avais déjà plusieurs fois frôlé le burn-out. Toutefois, des pauses prises juste à temps, la constitution d’une équipe à qui déléguer et un coaching bénéfique m’avaient respectivement remis sur pieds, permis d’arrêter de travailler les soirs et week-ends et redonné de l’énergie ainsi que l’envie de continuer à me battre pour mes convictions. « Me battre ». Le verbe de ma vie pendant ces 38 dernières années. Il y a des combats qui stimulent, qui nourrissent et il y a en a d’autres qui vident, qui épuisent. Ces 18 derniers mois, j’étais passée de la persévérance à l’acharnement. J’étais rentrée dans un combat qui m’affaiblissait chaque un jour un peu plus et qui m’éloignait de moi. Mais loyale à ma résilience, qualité reconnue de tous, je résistais.
Et puis enfin… BOOM ! Mon moteur a fait BOOM ! Mon corps a dit STOP. Pourtant je ne l’accepte pas immédiatement et pense pouvoir encore tenir quelques mois. Il me faut la suggestion de plusieurs personnes dans mon entourage – que je remercie du fond du cœur – de répondre à un questionnaire en ligne[1] et considérer le fait de me faire arrêter pour que je lâche, que dis-je, que je m’effondre. « J’en peux plus », je me revois articuler ces mots en pleur à mon chef. L’après-midi même j’avais rendez-vous chez le médecin. Le diagnostic est sans appel, burn-out. La guerrière en moi déposait les armes la veille de mon anniversaire. Sans l’avoir anticipé, je m’offrais le plus beau cadeau que je ne m’étais jamais offert : je m’offrais une pause salutaire, je m’offrais du temps, je m’offrais l’opportunité de vivre et arrêter de survivre.
Arrêtée au début de l’été, j’ai passé un arrêt en mode « Martine en grandes vacances ». Comme quand j’étais enfant j’ai profité des 2 mois d’été pendant lesquels je n’ai rien fait d’intellectuel (même pas de cahier de vacances youpi !!). J’ai beaucoup beaucoup beaucoup dormi, j’ai revu les gens que j’aime – après ces 3 mois de confinement seule, quelle joie ! – et rendu visite à ma famille et mes amis, j’ai passé du temps à l’air pur de la montagne, j’ai dansé dans la forêt de Brocéliande, je me suis évadée au temps des hommes préhistoriques en lisant la saga des « enfants de la terre ». Je me suis reconnectée à la terre, MA terre. Bref, j’ai profité, j’ai kiffé, je me suis reposée. J’ai savouré chaque jour de ces deux mois et demi ayant une profonde gratitude pour notre système d’arrêt maladie et de prévoyance santé.
Puis fin août est venu le temps de la décision.
[1] http://reseauburnout.org/index.php/etes_vous_en_burnout/#test