Septembre 2020

Être arrêtée fut salutaire pour ma santé physique et m’a permis d’avoir plusieurs prises de conscience fortes.

J’ai très vite compris ce qui s’était joué en ce mois de Juin 2020. Pour cela je dois rembobiner le film un instant. En Décembre 2019, malgré une année vraiment très très difficile, je n’ai pas senti venir le déclic du départ. Aussi j’ai échafaudé avec mon N+1 un plan de renouveau qui sur le papier était plein de sens et stimulant. En janvier 2020, je me suis donc lancée corps et âme dans ce nouveau projet mais dès la fin du mois j’ai pressenti que le renouveau tant espéré n’allait pas arriver. Des échanges avec ma N+2 et la préparation d’une présentation stratégique très importante, censée rebooster mon activité et celle de mon équipe, m’ont permis de retrouver un peu de motivation pour tenir jusqu’en juin. Il y 10 ans j’ai initié une activité de compréhension des pratiques et représentations de l’alimentation par la socio-anthropologie. Partie de zéro, les résultats des premières études avaient amené des insights innovants, certains permettant des activations opérationnelles réussies. Les résultats délivrés ont circulé ce qui m’a permis de décrocher de nouveaux projets et de pouvoir monter une équipe. J’ai ainsi recruté 1, puis 2 socio-anthropologues. Mener des études socio-anthropologiques était encore loin d’être aussi systématique que lancer une étude marketing mais les idées avaient fait leur chemin et je n’étais plus la seule à porter cette conviction. Pour diverses raisons l’activité s’était fortement ralentie en 2019 et cette réunion avait pour objectif de porter le sujet à au plus haut niveau stratégique afin de retrouver une dynamique. La réunion s’est très bien déroulée, mais au lieu d’un nouveau départ, j’ai compris que cette réunion stratégique était ma ligne d’arrivée et le temps pour moi de prendre du repos. Mon corps était marqué et épuisé de toutes ces années de combats acharnés.

Rendre les armes en juin a été une difficile mais sage décision. Quant à décider de mon départ en septembre, ce fut très très difficile mais il ne pouvait en être autrement. J’avais atteint un point de non-retour et je sentais le temps venu pour moi de mettre un point final à mon chapitre Danone pour en ouvrir un nouveau. Je ne regrette rien, je suis très fière de ce que j’ai accompli et je sais au fond de moi que je suis allée au-bout de ce que j’avais à faire.

En décidant de partir, je me suis également reconnectée au temps cyclique. J’ai réalisé que j’ai longtemps vécu essentiellement dans le temps linéaire avec l’enchainement des années : maternelle, primaire, collègue, lycée, école préparatoire, école d’ingénieur, stage, 1^er CDD, 2^ème CDD, CDI…. Le fait de mettre un terme à mon activité m’a reconnecté au temps cyclique. Mon expérience chez Danone a eu un début et une fin. Un nouveau cycle est en train de s’ouvrir et c’est OK. C’est même essentiel car la vie est cycle (cycle des saisons, de la lune…) et je l’avais oublié.

Au moment où j’écris ces lignes, j’ai lu un poème sur la page Facebook de Cyrill Chantereau (enseignant en dance intuitive) qui résonne magnifiquement :

À chaque coucher du soleil
Succède le lever du soleil
Quand un cycle prend fin
Un autre naît
Le cycle de la vie Danse ainsi