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Pas comme avant

Je viens de vivre une expérience hors du commun. Il y a quelques jours je suis allée rencontrer la mort. Plus exactement, je suis allée à la rencontre de ma propre mort.

Le rituel comportait 2 phases.

Pendant la première phase, allongée sous mon linceul, j’ai poussé mon dernier souffle. De cet espace, j’ai été invitée à me détacher de mon corps physique, de mes biens matériels, de mes possessions, de mes relations, de mes souvenirs, de mes blessures…

De toutes ces choses à lâcher j’ai réalisé que lâcher mes blessures et mes souffrances était le plus difficile. J’y vois à la fois une identification forte à ces épreuves douloureuses traversées et les stigmates qu’elles m’ont laissé. J’y vois aussi une reconnaissance de tout ce que ces épreuves m’ont appris.

À la toute fin la mort est venue s’assoir à côté de moi et j’ai pu lui partager mes regrets. Les projets que je n’avais pas pu réaliser, les rêves que je n’avais pas pu mettre au monde.

Bizarrement je ne me sentais pas dévastée. Au contraire, je ressentais un grand soulagement et une paix immense.

Puis la proposition de la deuxième phase est arrivée : la mort a décidé de vous offrir une deuxième chance, quel pacte faites-vous avec elle pour cette deuxième vie offerte ?

Au lieu de me réjouir, j’ai ressenti au plus profond de moi l’envie de ne pas revenir. L’envie de rester bien tranquille sous mon linceul. L’envie de dire « STOP, j’en peux plus de vivre, laisse-moi tranquille, fous moi la paix, j’en veux pas de ta deuxième chance ».

Pas facile d’accueillir cette part de moi qui veut mourir. Moi qui suis forte, endurante, résiliente, qui encaisse les coups durs et me relève toujours… Le « toujours » laissait place au « plus jamais ».

J’ai pu échanger sur cette expérience troublante et c’est là que j’ai compris ce que venait m’enseigner la mort.

C’est essentiel de laisser pleinement exister cette part de moi dépressive qui souhaite s’enfoncer dans les méandres de la mort car justement je sais me relever. Me laisser plonger totalement en ayant confiance qu’à un moment donné quelque chose en moi va se redresser et choisir de vivre à nouveau mais PAS COMME AVANT.

C’est ce PAS COMME AVANT que je n’avais pas vu pendant le rituel. Évidemment que je ne voulais pas revenir à la vie pour continuer à en chier. Par contre évidemment que j’ai envie de prendre le risque de saisir cette deuxième chance si c’est PAS COMME AVANT.

Le voilà mon pacte avec la mort, mon engagement avec moi-même : revenir oui mais PAS COMME AVANT.

Et comme si je n’avais pas déjà assez reçu, un compagnon de voyage m’offre un magnifique cadeau en fin de stage : une feuille de son cahier arrachée sur laquelle il a écrit « Évidemment, France Gall ».

Sur le moment je ne comprends pas. Puis le soir en me couchant je m’entends fredonner la chanson. Je ne connais pas bien les paroles mais je connais un peu le refrain et le eurêka arrive !

Évidemment, Évidemment
On danse encore
Sur les accords
Qu’on aimait tant

Évidemment, Évidemment
On rit encore
Pour des bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant…

Merci Virginie Rastello, merci Rémi, merci mes sœurs et frères de voyage.

#chroniquesvivantes #pascommeavant #viemortvie

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