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Saison 1 – Épisode 6
Mon premier Divorce

Septembre – Décembre 2020

 

Qui dit avocat et rupture de contrat dit divorce.

Fin 2020 j’ai vécu mon 1er divorce. J’ai divorcé de mon entreprise avec laquelle j’étais depuis 14 ans. Pour être plus précise j’ai rompu avec mon entreprise ET avec la personne que j’étais quand j’étais dans cette entreprise. C’est la lecture de Rupture de Claire Marin tout début 2020 qui m’avait fait réaliser que toute séparation s’accompagnait d’une double rupture. Lecture prémonitoire ?

En relisant des passages de Rupture cet été je suis retombée sur cet extrait : « Il faut parfois rompre pour « se sauver », c’est-à-dire à la fois fuir et sauver sa peau, se sauver en rompant avec ce qui menace ou empêche d’exister. Cela peut être les autres, mais aussi soi-même, qui me censure, me bride. Il faut créer, par la rupture, les conditions d’apparition et de réalisation de soi. Rompre pour révéler la personne que l’on veut être, pour exister en première personne et non comme une marionnette ou un fétiche. Assumer son identité dans ce qu’elle peut avoir de dérangeant, de décevant ou d’impossible au regard des autres. Faire le pari d’un devenir autre, dans les conditions d’émergence, exige la rupture… ».

C’est exactement pour cela qu’en septembre j’ai pris mon courage à deux mains et annoncé à mon chef que je souhaitais partir. Notre discussion ainsi que mon échange avec les filles de mon équipe furent magnifiques et remplis d’émotions. Il faut dire que j’étais tellement alignée que c’était fluide et évident. Le processus de négociation de ma sortie quant à lui fut challengeant, initiatique et riche d’enseignements. Cela m’a demandé de me positionner avec fermeté vis-à-vis de mon manager et de mon entreprise comme jamais je ne l’avais fait auparavant. J’ai été secouée c’est vrai mais quelle joie d’avoir été dans ma puissance juste. J’ai beaucoup de gratitude pour cette épreuve qui m’a permis de grandir à pas de géants.

Un accord a fini par être trouvé et la délivrance tant attendue a fini par arriver. Au moment de mettre un point final à ce chapitre inoubliable j’ai pris le temps de reconnaitre combien le voyage fut riche.

Tout d’abord riche de mes collègues avec qui j’ai pris un plaisir immense à échanger, travailler, co-construire, suer, rêver, vibrer, débattre, soutenir/être soutenue… Merci, merci 1000 fois. Rien n’aurait été possible sans eux.

Riche d’apprentissages incroyables avec entre autres : la rencontre avec mon leadership, les joies et difficultés de l’animation transversale, la découverte de l’épanouissement profond que me procure le management et bien sur la socio-anthropologie – dont je n’avais jamais entendu parler avant – et l’intrapreneuriat. La création « from scratch » de mon activité et de mon équipe fut une aventure humaine extraordinaire qui m’a fait énormément grandir.

Et enfin riche aussi d’expériences en tout genre car oui pour transformer nos façons d’opérer il faut explorer, essayer, ajuster, essayer encore, persévérer et ça ça forge une Femme. Ça forge une Femme jusqu’à lui apprendre à déceler le bon moment pour partir et ce moment était venu pour moi.

Deux dates ont marqué ma sortie.

Tout d’abord le 15 Décembre. Le matin, après les avoir lu, relu et rerelu une dernière fois j’ai fait partir tous mes mails d’au revoir : un mail groupir à mes collègues, un mail à mon département, une longue lettre de gratitude à mon N+1, un mail aux experts externes avec qui j’ai collaboré dans le monde… et un mail à Emmanuel Faber ! J’ai décidé de suivre mon élan du cœur de lui transférer mon mail de départ et lui écrire un mot personnalisé. L’émotion de l’écriture de ces mails était passée car cela faisait longtemps qu’ils étaient prêts mais l’émotion des mots reçus de mes collègues fut immense. Quel cadeau. La cerise sur le gâteau, E. Faber m’a envoyé un long sms de remerciement. Ce départ est parfait 🤩 .

L’après-midi j’ai fait mon dernier pèlerinage en transports en commun à Palaiseau pour aller rendre mon ordinateur et récupérer mes affaires. J’ai commencé par savourer ce long trajet en RER + bus que j’avais tant abhorré. Une fois à Palaiseau j’ai passé du temps à mon ancien bureau dans un open space totalement vide. J’ai fermé les yeux et regardé dans mon rétroviseur du temps quelques instants. Je me suis revue tout d’abord en janvier 2005 venir passer l’entretien pour mon stage, débarquant à l’accueil de Danone Research les chaussures toutes crottées de boue. Et oui, il n’y avait pas encore de chemin bétonné pour arriver sur le site ! Puis je me suis rappelée ma discussion avec Nicolas G. en juillet de cette même année. Discussion à la suite de laquelle je m’étais dit « je veux travailler dans l’équipe globale Nutrition ». Ce que j’avais réussi à faire quelques années et quelques centaines de mails à Nicolas plus tard !! En continuant j’ai revu la réunion bouleversante avec Nicolas B. du CIRAD (oui encore un Nicolas !) en Juin 2009 à la suite de laquelle je m’étais dit « je veux amener la socio-anthropologie chez Danone ». Un projet-passion était né. Merci Nicolas G et B d’y avoir cru avec moi. Me voilà alors voyager à nouveau dans chacun des pays avec lesquels j’ai travaillé et retrouver avec joie les équipes locales et les experts locaux rencontrés ainsi que Anne, ma partenaire de tous les défis au CIRAD avec qui j’ai partagé des aventures incroyables. Puis pour finir je me suis vue entourée des personnes que j’ai managées : Mila, Amélie, Mélanie, Laura, sans oublier les stagiaires. Mon cœur est rempli de toutes ces années passées ensemble. J’ai une gratitude incommensurable pour toutes leurs contributions remarquables.

Il est 16h20 quand je passe pour la dernière fois le portillon de sortie du site. Le soleil m’accompagne, des larmes de nostalgies/joie/tristesse coulent le long de mes joues. Je suis en paix et goûte pleinement chaque seconde.

Puis le 18 Décembre 2020 le point final contractuel fut posé.

Si cette semaine-là je suis rentrée dans le tunnel de sortie, je sens au fond de moi que je n’en suis pas sortie le 18 Décembre. Comme toute rupture il va me falloir du temps pour effectuer définitivement la traversée.

J’aime cette sortie pas à pas, par étapes, chacune ayant son importance. N’est-ce pas ça la vie ? Une succession d’étapes plus ou moins longues, chaque étape étant importante dans tant dans l’expérience qu’elle nous fait vivre que par la gestation de l’étape d’après qu’elle porte. 2020 fut sans aucun doute une sacrée traversée et un sacré passage d’étapes.

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