Saison 2 – Épisode 4
AVANCER même quand je recule
« Ce qui doit arriver arrivera. Si cela prend trop de temps c’est que le meilleur reste à venir »,
Lume.
Je n’ai pas utilisé l’expression « mon 1er divorce » pour rien pour parler de ma sortie de Danone (voir Saison 1:Épisode 6). Je pense que j’ai réellement été mariée à mon travail. Avec ce divorce j’espérais bien sûr rebondir professionnellement mais j’espérais surtout créer de l’espace dans ma vie pour un compagnon avec qui cheminer en amour à deux.
Pendant mon adolescence, avoir des petits copains était proscrit car cela me détournait de mes études. Ainsi au collège, alors que beaucoup d’amies commençaient leurs premières histoires d’amour, je vivais les miennes dans mon imagination. J’ai bien évidemment dépassé cet interdît au Lycée mais le venin d’une croyance bien limitante coulait dans mes veines : « être en couple empêche de réussir sa carrière ». Elle m’est revenue en plein dans les dents quelques années plus tard quand mon compagnon m’a quitté une semaine après la signature de mon 1er CDD. C’est comme si l’univers me disait « Ben oui Charlotte enfin, réussir ou être en couple il faut choisir ».
Le temps de me remettre de cette rupture douloureuse, d’avoir quelques aventures ponctuelles, d’autres un peu plus longues mais jamais suffisamment robustes pour durer, nous étions en septembre 2020. Il s’était passé presque 14 ans et j’annonçais à mon boss que je souhaitais partir. Et aussi fou que ça puisse paraître, quelques jours après l’annonce de mon départ, j’ai rencontré quelqu’un. A ce moment-là j’étais bien trop préoccupée par mon divorce professionnel à venir pour être disponible. Il n’empêche que j’avais passé un très bon moment avec lui. Aussi, assez naturellement je l’ai rangé dans la case « ami ».
Nous avons eu l’occasion de nous revoir « par hasard » à plusieurs reprises sur la première partie de l’année 2021. Et de façon aussi inattendue qu’improbable notre relation a fini par dépasser le stade de l’amitié. Ce ne fut pas un long fleuve tranquille mais que cette relation fut belle et riche d’enseignements.
Cette relation m’a appris à dire.
Pour la première fois j’ai osé faire le premier pas. J’ai osé partager la vague de désir, venue de je ne sais où, que j’ai ressentie dans mon corps lors d’un de nos hugs et qui a mis un sérieux bazar dans ma tête.
Tout au long de notre relation j’ai partagé chacun de mes ressentis agréables, moins agréables, douloureux. Il a fait de même. Nos partages étaient beaux, authentiques et remplis de vulnérabilité. C’est nouveau pour moi d’avoir des échanges aussi sincères, profonds et intimes avec un homme. C’est nouveau, nourrissant et puissant.
Aujourd’hui je peux affirmer que je sais dire… que je sais dire à mon rythme. Car oui, j’ai découvert que j’ai besoin de temps pour arriver à mettre les mots justes sur ce que je ressens.
Cette relation m’a fait y croire à nouveau.
Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas ouvert mon cœur que je ne pensais plus être capable de ressentir à nouveau des sentiments et du désir pour un homme. Ouf, cette histoire m’a prouvé que mon cœur fonctionne toujours bien !
Cette relation m’a appris à me connaître encore un peu plus.
Grâce à nos partages sincères et authentiques j’ai pu prendre du recul. J’ai pu voir mes blessures à vif encore à l’œuvre et les endroits où je porte la responsabilité de l’échec de notre relation.
Les difficultés rencontrées ont activé mon insécurité intérieure abyssale. Et dans cette insécurité la guerrière en moi a pris le contrôle, que dis-je, a pris le pouvoir pour me protéger. Comment ? En n’exprimant pas mes besoins. Je ressens très bien (et maintenant je sais exprimer mes ressentis) mais je n’exprime pas ce dont j’ai besoin. Et c’est bien une prise de pouvoir car j’enlève à l’autre la possibilité de pouvoir y répondre et prendre soin de moi. J’empêche l’autre d’avoir une place à mes côtés. C’est comme si je lui disais « je n’ai pas besoin de toi, je suis forte et je peux m’en sortir toute seule ». Et pourtant, derrière cette force apparente se cache une fragilité tellement immense…
Je me suis rendu inaccessible encore. Par protection encore. Par peur d’être rejetée encore.
D’un côté ça me rend triste car ce mécanisme est destructeur.
D’un autre côté j’en ressors grandie car c’est la première fois que je comprends aussi clairement mon mécanisme.
La rupture est douloureuse. J’avais tellement envie « que ce soit le bon » ! Et en même temps elle était inévitable. C’est le choc de la rupture qui m’a permis de sortir du tunnel sombre dans lequel j’étais entré. C’est la rupture qui m’a permis de pouvoir relire notre relation avec un autre angle de vue et prendre du recul. Dommage ? Non, je préfère remplacer les regrets par de la gratitude envers cette rupture qui m’a fait ouvrir les yeux et grandir.
Un pas en avant, deux pas en arrière sur mon chemin accidenté de la vie amoureuse. Ce chemin est chaotique mais au moins il a du mouvement et c’est ça que je veux garder pour cette année.
Merci pour tout. Pardon pour tout.