skip to Main Content

Saison 2 – Épisode 5
EMBRASSER la sagesse du Condor

« Comment faire coexister le corps et l’esprit, le spirituel et le matériel, le visible et l’invisible, l’ordre et le chaos, l’Aigle et le Condor ? »

Arnaud Riou

 

Arnaud Riou vient de sortir un livre sur « La Prophétie de l’Aigle et du Condor ». Cette prophétie parle de l’alternance tous les cinq siècles entre le règne de l’Aigle – fils du Soleil, gardien des énergies yang, masculines, du savoir, des technologies, des sciences, du futur et des perspectives – et le règne du Condor – fils de la Lune, gardien des énergies yin, féminines, d’intuition et de sagesse instinctives, de connaissance, d’invisible. La dernière fois que l’Aigle a remplacé le Condor c’était il y a cinq siècles. Ce fut l’ère des grandes découvertes, de l’industrialisation, des avancées technologiques massives, du progrès de la science, de la mobilité. Si toutes ces avancées ont amené leurs lots de bénéfices, les conséquences furent catastrophiques sur l’environnement, le rapport à la nature et les rapports humains. Cette ère a survalorisé la tête par rapport au cœur, la stratégie par rapport à l’intuition, le matériel par rapport au spirituel.

« Nous sommes au début d’une nouvelle ère du Condor. Une ère qui sera plus douce, inspirée par le cœur, la conscience et la paix », nous dit Arnaud Riou. Cette perspective réveille en moi un vent de joie et d’espérance.

J’ai grandi dans une famille profondément emprunte de l’énergie de l’Aigle où le savoir est gage de réussite et de distinction sociale ; où l’exigence, la disciplines et le « toujours mieux » sont la ligne à suivre ; où le mental et la raison sont les maîtres absolus et l’expression des émotions la grande absente de l’équation. Et pourtant, ils m’ont aussi inculqué des valeurs profondément issues de la sagesse du Condor : le respect de la nature, du sacré avec notamment la découverte du symbolisme, de l’harmonie et de la beauté de la musique classique.

Petite, j’ai vite compris qu’il fallait mieux filer droit et bien réussir à l’école. J’ai étouffé mon rire sonore et communicatif, ma spontanéité, ma créativité inépuisable et mon originalité. Quant à mon hypersensibilité, je l’ai vite caché derrière le masque de la petite fille sage, obéissante et enfermée à double tour dans l’armure de la guerrière prête à affronter tous les combats. Mais le Condor a toujours veillé sur moi de loin. Inconsciemment, j’ai réussi à trouver des brèches de liberté pour exprimer ma différence, ma joie de vivre et œuvrer à la revalorisation des valeurs du féminin. Ma première partie de vie professionnelle en est une très belle illustration. Pendant mes 14 années au sein d’un grand groupe agroalimentaire du CAC 40 exigeant performance et compétitivité, j’ai eu la chance d’atterrir dans une équipe qui m’a offert une grande liberté d’initiative et d’entreprenariat. J’y ai créé mon activité et mon équipe dont le but fut, je l’ai compris à postériori, de revaloriser des dimensions alors absentes du modèle en place. J’ai permis d’amener à :

  • Considérer les sciences humaines et sociales (dites « molles ») comme ayant la même valeur scientifique que la nutrition (dites sciences « dures ») et la même valeur stratégique que le marketing.
  • Voir les dimensions sociales et culturelles de l’alimentation comme étant tout aussi importantes que la dimension nutritionnelle ;
  • Penser en inductif et pas seulement en hypothético-déductif c’est à dire construire des hypothèses à partir de ce le terrain fait émerger au lieu de valider des hypothèses préexistantes. Ce qui permet, entre autres, sortir des ethnocentrismes en déconstruisant des concepts globaux comme la santé, l’alimentation… ;
  • Connecter des mondes en apparence inconciliables – à savoir les gens du business et les socio-anthropologues – pour permettre le dialogue et la collaboration entre ces acteurs de la transformation qui travaillent rarement ensemble pour co-construire les stratégies des entreprises et des politiques publiques ;
  • Réinvestir le long terme qui peine à trouver sa place devant un court terme souvent tout puissant.

Amener de la rupture et du chaos par ce changement de paradigme ne fut pas de tout repos mais cette aventure humaine hors du commun a eu un impact très fort sur moi. Inconsciemment, je me le suis appliqué à moi-même. En cherchant à réconcilier dans le cadre de mon travail les dimensions de l’alimentation, les sciences molles et les sciences dures, le tangible et le symbolique, le long terme et le court terme, j’ai réconcilié par la même occasion mes dualités, j’ai embrassé toutes mes facettes, et accueillis ma propre complexité. Je me suis mise en chemin vers une forme d’harmonie.

Plus je rééquilibrais mes polarités et plus il m’était intolérable de continuer à vivre dans un environnement dissocié. Le point de rupture arrivait. Aussi, quand je suis sortie de mon entreprise je me suis fait la promesse de prendre le temps pour laisser émerger la suite… une attitude typiquement portée par l’énergie du Condor (Saison 2:Épisode 1).

Je me sens totalement fille de l’Aigle et du Condor, fille du Soleil et de la Lune. Si je maîtrise à la perfection la sagesse de l’Aigle, je me sens en chemin et à l’aube d’incarner pleinement la sagesse du Condor. Et à l’heure de ma profonde réflexion et remise en question de ma vie – quelle femme je veux être, comment je veux contribuer au monde, où est-ce que je veux m’enraciner… – je sais au plus profond de moi que je veux être au service de la transmission de la sagesse du Condor soutenue par la volonté, le savoir et le pouvoir d’agir de l’Aigle.

Reste à définir comment. Après des années de salariat je sens le besoin d’être libre de toute autorité managériale. La piste de l’entreprenariat me tend les bras ce qui me procure une joie immense et une peur tout aussi immense. Entrepreneur, en suis-je capable ? Et pourtant, n’ai-je pas un peu expérimenté cette aventure de l’entreprenariat en créant mon activité au sein de mon ancienne entreprise ? Certes j’avais un salaire ce qui est un détail de taille. Mais je sais partir d’une page blanche, convaincre et fédérer autour de mon projet, trouver des alliés et des personnes ressources, définir un concept, prototyper, tester des proof of concept… bref je ne pars de zéro.

Dominique Sinner[1], la personne qui m’accompagne dans mon processus de reconversion est extraordinaire. Après plusieurs moi d’échanges riches à me faire me raconter, capitaliser mes compétences, prendre du recul sur la valeur ajoutée singulière que j’ai pu amener dans mes actions, je sens que je touche du doigt une première structuration de projet. Et au-delà du projet, j’ai trouvé la thématique centrale : l’émancipation. Cela fait plusieurs années que je tourne autour. Aujourd’hui c’est limpide, mon chemin de vie réside dans le fait de me libérer d’une soumission extrême à une discipline et une exigence castratrice pour trouver ma souveraineté et mon équilibre. J’arpente ce chemin depuis que je suis venue au monde. Et c’est justement parce que j’en fait l’expérience que je serai légitime, entendue et pertinente. Car accompagner c’est finalement ça, marcher à côté de l’autre en ayant juste quelques pas d’avance.

Je célèbre la beauté du chemin parcouru cette année. Mes explorations et mes errances m’ont amenée à me dépouiller de certaines injonctions, me libérer de certaines peurs et me rapprocher un peu plus de moi. Ce long processus m’a permis de toucher l’essentiel : trouver où je peux le mieux servir et me servir. Ce long processus m’a permis d’atterrir à un premier quelque part.

[1] https://heuristica.fr

Back To Top