Ce matin, comme des milliers d’entre vous, j’ai visionné la vidéo virale du discours de fin d’étude des étudiants d’AgroParitech – école d’ingénieurs qui forme aux métiers de l’agronomie et de l’agroalimentaire. Je suis touchée de plein fouet et chamboulée car c’est l’école que j’ai faite il y a 20 ans. Je voulais contribuer à mieux nourrir les gens. A ce moment-là je n’étais pas sensible aux ravages de la planète entrainés par l’ultra-industrialisation et l’ultra-capitalisme. Ces thématiques n’étaient pas autant sur le devant de la scène. Je pensais au contraire qu’en travaillant chez Danone – entreprise incarnant alors les valeurs d’un double enjeux économique et sociétal – je contribuerais à transformer la façon dont une entreprise agro-alimentaire fait du business et impacte le monde. 

J’ai une reconnaissance et une gratitude infinies pour cette entreprise et les managers qui ont cru moi. J’ai beaucoup appris, j’ai énormément grandi. Je me suis découverte intrapreneuse et créative. J’ai rencontré la leadeuse et la manager-coach en moi. J’ai aussi eu la chance inouïe de voyager dans le monde entier et de rencontrer des experts inspirants et engagés. Et à y bien réfléchir je réalise que ces rencontres ont planté en moi les graines du doute dans les promesses de mon entreprise. J’étais tiraillée chaque année un peu plus entre mon métier-passion et la sensation de ne pas être à ma place. Mais je ne voulais pas le voir en face. Après chaque discussion engagée à refaire le monde, je la rangeais bien au chaud dans une boîte et essayais de l’oublier. Naïve que j’étais. 

J’ai finalement dû passer par un burn-out à 38 ans (et non 40 !) pour enfin déserter et bifurquer. C’était en 2020. 

Depuis je savoure les délices d’une longue pause bienvenue après une course effrénée à la poursuite de la réussite de 38 ans. Je continue à apprendre énormément mais de façon plus écologique pour moi. Je découvre la puissance de la communauté et de l’entraide ce qui me change de la compétition et la concurrence auxquelles j’ai été biberonnée. Je découvre qu’une autre vie est possible. Alors certes je continue à avoir un rythme bien dense par moment mais la grande différence c’est que je sais après quoi je courre. 

Si je repense maintenant à mon intention d’il y a 20 ans, nourrir les gens, je constate qu’elle est toujours bien présente. Je suis simplement en train de faire évoluer le « comment » pour « nourrir autrement ». Après avoir nourri les corps, je vais nourrir les âmes (merci ma chère Nadine de m’avoir offert cette phrase). Ouhaou, je ne l’avais pas vu venir celle-là !

Pour finir il est important pour moi de préciser que mon intention avec cet article n’est pas d’inviter à la désertion massive. Je veux croire que c’est possible d’oeuvrer dans une entreprise et contribuer à changer le système sans s’y brûler les ailes. En ce qui me concerne j’ai essayé de toutes mes forces et j’ai fini par comprendre que ce n’était pas un environnement pour MOI. Mais « chacun sa route, chacun son chemin » comme l’a si bien dit Tonton David !

Et puis vous savez très bien, au plus profond de vous, si aujourd’hui vous êtes au bon endroit.
Demain est un autre jour…

#etreenvivance #chroniquesvivantes #deserter #nourrirautrement